Est-ce que ce soir là le président Sarkozy avait une dent contre Alain Duhamel , venait il de lire son dernier ouvrage La marche consulaire ? De leur côté, ses confrères entendaient ils dans le sillage du Parisien Libéré, contester qu'il fût l'interviewer le mieux placé au sein de RTL ? Le journaliste a eu du mal à " en placer une " selon sa propre formule : Sarkozy se tournait vers les autres journalistes chaque fois que Duhamel le questionnait ... et David Pujadas interceptait chaque question de Duhamel en la reformulant vers le chef d'Etat , suivi en la matière par Laurence Ferrari . Ceci ayant parfois pour effet de décaler légèrement le sujet et en tous cas, de frustrer Duhamel de la réponse qui lui était due .
Stratégie d’autant plus frustrante pour le journaliste invité, que dans la phase précédente de la conférence de presse Guy Lagache, avait posé ses marques assez ostensiblement sur le plateau à grand renfort de gestes aériens à la Jean-François Kahn . Interrompre à tout bout de champ n'est pas , en présence du 'premier des français' tout à fait d'usage, mais les journalistes cultivent une autre méthode: rebondir sur un mot comme s'il faisait tilt , saisir les places transitionnelles légitimes ou non, pour placer l’amorce canonique " alors : justement Monsieur le Président … " et asséner un point final à ce qui vient d'être dit . Les pauses séparant les phrases de l’interviewé sont une opportunité légitime d’interruption puisqu’elles peuvent être interprétées comme une intention de céder la place aux questions. Plus discourtoise et moins discrète, l’interruption pendant une pause intra-phrase (délai de réflexion, respiration entre groupes de mots ) peut être renforcée par un marquage visuel en guise de séparateur : changement de posture de l’interrupteur , déploiement soudain d’un geste de cloture , doigt pointé vers l’invité .
Pour sa part, lorsqu'il entre en scène après avoir attendu sagement son tour pendant que Lagache s'efforçait de parer sa prestation du plus bel éclat, Duhamel se trouve aux côtés d’un Président qui souvent l’ignore du regard, tandis que ses confrères du plateau (D. Pujadas, L. Ferrari) lui font de l'ombre en venant se greffer inopinément sur ses questions , d'où divers télescopages conversationnels dont il se serait bien dispensé et qui redistribuaient la donne de l'interlocuteur légitime.
fragment 1
N. Sarkozy : " J’avais imposé aux Etats Unis le sommet de Washington pour refondre l’ordre mondial financier … "
A. Duhamel tente d’interrompre suite à ce qu'il voit comme une dérive à l'endroit de sa question précédente : " on va y revenir mais … " (Sarkozy n'en a rien à faire et poursuit, refusant sans détour le recadrage)
fragment 2
A. Duhamel tente d’interrompre suite à ce qu'il voit comme une dérive à l'endroit de sa question précédente : " on va y revenir mais … " (Sarkozy n'en a rien à faire et poursuit, refusant sans détour le recadrage)
fragment 2
N. Sarkozy : " Les agences de notation américaines ont fait un travail détestable " (il développe)
A. Duhamel tente de couper : " qu’est ce que vous proposez " ? Pendant que Sarkozy inspire pour répondre, D.Pujadas interpose une toute autre question " Elles se sont trompées ou elles étaient complices ? ". Détournement parfaitement réussi, Sarkozy se tourne vers le journaliste de France 2 : " En tout état de cause elles n’ont pas joué leur rôle car " ... Duhamel interrompt et ramène l’attention vers lui , comme pour rappeler sa présence : " et puis en tout état de cause.. " Cafouillage à deux voix puis Duhamel réussit tant bien que mal, à se re-positionner en fin de phrase : " et en tout état de cause c’est les banques qui payent les agences de notation ".
A. Duhamel tente de couper : " qu’est ce que vous proposez " ? Pendant que Sarkozy inspire pour répondre, D.Pujadas interpose une toute autre question " Elles se sont trompées ou elles étaient complices ? ". Détournement parfaitement réussi, Sarkozy se tourne vers le journaliste de France 2 : " En tout état de cause elles n’ont pas joué leur rôle car " ... Duhamel interrompt et ramène l’attention vers lui , comme pour rappeler sa présence : " et puis en tout état de cause.. " Cafouillage à deux voix puis Duhamel réussit tant bien que mal, à se re-positionner en fin de phrase : " et en tout état de cause c’est les banques qui payent les agences de notation ".
fragment 3
N. Sarkozy : " Les anglais ont choisi la relance par la consommation, avec la baisse de la TVA, et …. "
A. Duhamel (soudain) " Alors : justement ! … " il tente d’interrompre mais sans succès ; son geste prosodique reste suspendu en l’air de façon un peu pataude.
Sarkozy ignore la césure et poursuit : " ça n’a amené aucun progrès " L. Ferrari essaye d’interrompre, Duhamel neutralise son intention et justifie sa tentative avortée en rebondissant sur le verbe 'amener' : " ça a au moins amené la question que je voulais vous poser car c’était justement là dessus ..."(il développe)
A. Duhamel (soudain) " Alors : justement ! … " il tente d’interrompre mais sans succès ; son geste prosodique reste suspendu en l’air de façon un peu pataude.
Sarkozy ignore la césure et poursuit : " ça n’a amené aucun progrès " L. Ferrari essaye d’interrompre, Duhamel neutralise son intention et justifie sa tentative avortée en rebondissant sur le verbe 'amener' : " ça a au moins amené la question que je voulais vous poser car c’était justement là dessus ..."(il développe)
fragment 4
Sarkozy : " Sur la règle que j’ai fixée du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux … ( L. Ferrari tente de l'interrompre)
Duhamel , outré: " Mais mais mais ! ! ! eh Eh eh ! ! ! Si vous permettez !! (rotations de la tête ) euh , tout ça c’est … " Il tente d'intervenir mais excédé par la situation, semble avoir perdu le fil de sa pensée . Pujadas , plutôt amusé qu'intimidé , profite de la confusion : " Alain pardon" et confisque à Duhamel son tour de parole en accentue par un geste iconique sur le mot plafond : " vous vous fixez un plafond pour la dette publique ? "
N.Sarkozy répond à D. Pujadas , et à nouveau ignore du regard A. Duhamel.
Sarkozy : " Sur la règle que j’ai fixée du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux … ( L. Ferrari tente de l'interrompre)
Duhamel , outré: " Mais mais mais ! ! ! eh Eh eh ! ! ! Si vous permettez !! (rotations de la tête ) euh , tout ça c’est … " Il tente d'intervenir mais excédé par la situation, semble avoir perdu le fil de sa pensée . Pujadas , plutôt amusé qu'intimidé , profite de la confusion : " Alain pardon" et confisque à Duhamel son tour de parole en accentue par un geste iconique sur le mot plafond : " vous vous fixez un plafond pour la dette publique ? "
N.Sarkozy répond à D. Pujadas , et à nouveau ignore du regard A. Duhamel.
fragment 5 (toujours à propos des fonctionnaires , Sarkozy ) : " et je n’ai pas souvenir que la France ait été sous administrée " . L. Ferrari tente d’intervenir . Duhamel coupe court par un geste de régulation bimanuel (aperçu)
" Non mais attendez, attendez je voudrais placer un mot la- dessus " . A nouveau pas de chance, c'est vers Laurence Ferrari que le président se tourne : "et ce serait au détriment des fonctionnaires ?" enchaîne-t-elle encore . A. Duhamel tente à nouveau de quitter l'arrière-scène : "alors! sur, sur les emplois publics..." . Echec et mat : "non, poursuit Sarkozy à l'adresse de la journaliste , pas au détriment des fonctionnaires" et de poursuivre en omettant d'entendre une fois de plus celui dont la prose l'a inscrit dans le bonapartisme.
revoir l'extrait :