Quelque chose ne va pas dans la prosodie vocale des présentateurs radio . Sans doute avez vous remarqué que l’intonation des animateurs de la " bande fm " était plus frétillante sur des radios musicales comme Skyrock , que par exemple sur France culture où le ton est plus posé, l’articulation plus lente, les crêtes d’intensité plus modérées , certains diraient que le ton sur France Culture est plus académique . Donc c'est un choix de registre.
On apprend aux conseillers en phoning à sourire au téléphone . L’intention du message, l’émotion de son auteur, passent par la prosodie vocale, et d’une voix souriante on peut inférer que le locuteur sourit.
Mais alors que devrait-on penser d’un speaker qui sourirait , mimiquement ou vocalement en annonçant un drame ? Il n’est pas rare sur certaines fréquences d’entrendre l’annonce successive d’une victoire sportive, puis l’enlèvement d’une fillette à peu près sur le même ton enjoué, avant que le plateau n'envoie entre deux badinages le jingle musical (elle est pas belle la vie ?) .
On imagine mal à la TV un présentateur qui annoncerait un tremblement de terre avec le sourire . Mais à la radio aussi , il y a du sens dans le non verbal quand bien même il est non visuel : quand apprendra-t-on aux journalistes en formation, qu'à la radio leur expression non verbale transparait de leurs intonations ?
Ce jeudi, j’écoutais France info , qui tout de même n’est pas Rire et Chansons. La présentatrice , peut être émoustillée par l’annonce du week end ensoleillé , semblait en pleine forme , et sur un ton plein d’entrain , d'annoncer à son auditoire les titres à venir : direction Roland Garros, la " couleur du ciel " , puis sans discontinuer dans la mélodie vocale : " et enfin, cap sur le Brésil où les opérations récupération de débris de l'avion ont commencé " .
Passons sur le langage (cap sur … , on se croirait à Fort Boyard) , reste le paralangage : un minimum de solennité semblerait de circonstance . Certes cette journaliste , qui annonce chaque jour bonnes et mauvaises nouvelles ,doit être un peu blindée . Mais sans parler de solennité à outrance un mimimum d’empathie dans la voix , à quelques jours d'une catastrophe aérienne pour de telles circonstances, paraitrait plus décent et discréditerait moins l’image de professionalisme que l’on attend de son journal . On n'annonce pas les titres d'une telle actualité comme un menu aguichant. Le langage verbal s'apprend à l'école mais pas le paraverbal; par contre dans des écoles de communication telles que les instituts de journalisme , l'accent devrait être mis davantage sur cette dimension , quelque part morale, du paralangage.