blog proposé par Guy Barrier

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Guy Barrier, expert en communication non verbale - publications et activités: pointer la photo

mardi 20 décembre 2011

musique et émotions, quelles relations?


L’étude des rapports entre musique et émotions est intéressante car la musique est une forme de communication non verbale, au même titre que la mélodie vocale. Elle exerce un effet sur nos perceptions de l’environnement , du temps qui s’écoule, sur propres humeurs,  sur notre santé , notre motivation, notre niveau de stress et le système parasympathique. Ces effets se manifestent d'ailleurs lors d' expressions faciales inconscientes, de mouvements de tête, du corps… Les pratiquants d’aérobic par exemple, auraient plus de mal à se motiver si on arrêtait soudain le rythme modélisé par le cerveau .

De multiples  expériences en marketing sensoriel ont constaté les effets de la musique d’ambiance sur des consommateurs, sur l’excitation de scolaires  au réfectoire, sur la production laitière , etc. Dans le monde animal diverses observations ont été relevées : de la musique rock sur des souris engendrerait leur agressivité tandis que chez le macaque, on remarque une diminution de l’agressivité avec la musique classique .

Le rythme pourrait même agir sur nos horloges internes et modifier notre échelle subjective de temps : des études relèvent que dans un magasin  la même musique jouée avec un tempo lent (moins de  73 bpm) entraine des trajectoires de clients plus lentes qu’un tempo rapide. D’autres observations  font ressortir que de la musique lente en cafétaria ou restaurant , induit chez les clients davantage de temps consacré  (et de consommation) que dans le groupe exposé à un rythme de diffusion plus rapide :  le tempo lent induirait le sentiment que le temps passe moins vite,  les clients discutant alors davantage  avec les serveurs;  la vitesse à laquelle on ingurgite les plats  s’en trouverait même ralentie .

De manière générale le temps d’attente (de trajet, etc) est toujours estimé moins long en condition musicale que silencieuse . Une musique d’attente au téléphone permet statistiquement de limiter les raccrochés (mais  une musique relaxante n’entretient pas aussi bien  la motivation). Par contre une autre étude, en magasin ,montre que lorsqu’une musique est diffusée fortement les clients ont tendance à s’en aller  plus rapidement  (beaucoup  de nos grandes surfaces semblent ignorer d’ailleurs ce principe !) Egalement des personnes exposées à 90 décibels pendant 3 minutes trouvent le temps plus long que lorsqu’elles sont exposées au seuil "normal" de 60 db . Dans un bar, constate N. Guéguen,  la consommation d’alcool augmente légèrement lorsque la pression acoustique est élevée  .

Plusieurs méta-analyses portant sur des dizaines de travaux universitaires concernant ‘musique et santé’, montrent des effets positifs marqués par des niveaux réduits de cortisol, de la pression sanguine, du rythme cardiaque et par l’augmentation des signes de résistance du système immunitaire   Selon une partie des travaux ainsi analysés la musique pourrait atténuer la douleur en déplaçant l'attention du patient . D’autres chercheurs estiment que l'amélioration est trop faible pour être cliniquement significative  mais invitent à approfondir les investigations.

Plus homogènes sont les études qui suggèrent que la musique peut réduire l’anxiété, notamment avant une opération , dont une qui montre qu’elle peut même aider les chirurgiens à gérer le stress et la précision.  Au niveau des troubles du  sommeil  des médecins ont expérimenté les effets de 45 minutes par soirée de musiques sédatives  sur des personnes âgées  et ont constaté des durées de sommeil plus longues et moins interrompues.

En compétition sportive une  baisse du stress a été observée sur des groupes de tireurs ayant intégré au cours de leur préparation 20 minutes de  musique relaxante .  En dehors de cette dernière , les effets plus spécifiques de différents styles de musique n'ont pas été  démontrés . En comparant les effets différentiels de styles diffusés durant des taches de réflexion complexes il a été constaté une récupération du métabolisme plus rapide chez les sujets bénéficiant de musique, mais sans différence comportementale liée aux styles (cettte notion intégrant trop de critères).  En marketing sensoriel on observe néanmoins que le style  véhicule différentes connotations , ainsi la variété sera plutôt attribuée à  un établissement de consommation courante tandis que la musique classique qualifie mieux les lieux  haut de gamme  (et peut ainsi inciter disent des enquêtes, des clients à se méfier...)

La variable la plus opérationnelle pour la mesure des effets  pourrait être le rythme . La musique lente induit une respiration plus ample, diminuant ainsi la pression artérielle et le rythme cardiaque, tandis que les tempos rapides ont sur le système cardiovasculaire des effets opposés (cf. notamment les expériences de L. Bernardi & P. Sleight) . Cet effet serait renforcé chez les musiciens car ces derniers ont appris à synchroniser leur respiration sur le rythme qu’ils jouent, mais nous sommes nés avec cette réceptivité qui déja permettait au foetus d’interpréter des événements  sonores: les crescendos et accélérations nous émeuvent toujours alors que les decrescendos nous apaisent. Les compositeurs ou réalisateurs de cinéma le savaient depuis longtemps, mais ils n'avaient pas de méthode clinique ou d'EEG pour le constater .