Parmi les auteurs des recherches scientifiques fondamentales sur
les gestes, Jacques Cosnier me semble être celui qui a le plus explicitement montré que notre capacité à interpréter les gestes ou expressions faciales ,
était fortement liée à des compétences empathiques . Parlons plus spécialement
du geste : lorsque nous regardons un geste technique, par exemple celui d'un sportif, d’un artiste , notre cerveau en fabriquant la représentation interne
de ce geste , active des processus similaires à ceux que
l'exécutant mobilise. On peut constater la même chose à propos des gestes référentiels (avec en aval un traitement symbolique de la forme) . Ces gestes , qui peuvent être illustratifs , picto-mimiques ou iconiques, dessinent
en l’air un modèle spatial de l'objet que l'émetteur veut illustrer.
Il peut d’ailleurs s’agir de gestes sans parole (ex. du mime) ou
co-verbaux (ex .d'un professeur de langue étrangère). Ce thème m’amène à revenir
vers une étude durant laquelle je devais analyser par quels processus mentaux les spectateurs d'une scène gestuelle,
récupéraient l'information visuelle de ces gestes . Grâce aux caméras intelligentes eye
tracking, la micro analyse des
mouvements oculaires au point par point , permet de comprendre les opérations
mentales du spectateur de ces gestes.
Dans cet exemple
l’ actrice, Emilie, explique les vertus d'un grand flacon cosmétique , les
gestes iconiques délimitent la taille , le volume et le forme de cet objet. Le
geste vient donc renforcer et illustrer la parole, leur fonction est référentielle.
Les tracés oculaires du récepteur montrent qu’en moins de 2 secondes, il a modélisé
les proportions et points extrêmes de l'objet imaginaire.
Les cercles correspondent aux points de
fixation du regard (généralement de 1/3 de seconde à une ou 2 secondes ) . Plus
leur diamètre est élevé et plus la fixation oculaire est longue.
image eye tracking, UMR 5024 cnrs
image eye tracking, UMR 5024 cnrs
Grace aux tracés de l’eye
tracking, la décomposition spatiale du parcours oculaire nous permet de
reconstituer le décours temporel des opérations mentales. Autrement dit ,les
points intermédiaires sur lesquels s'appuie le regard sujet spectateur pour instruire les
entrées sensorielles et les points spatiaux de son travail de représentation cognitif.
Le tracking oculaire de l’objet virtualisé par les mots, génère du coté de ce spectateur, des mouvements oculaires qui modélisent la structure
et les contours d'amplitude du geste . De façon très visible, ses trajectoires oculaires se
structurent selon les propriétés spatiales de l'objet . Cette ressemblance
spatiale et motrice entre le geste et la poursuite oculaire suggère que les
cognitions de l’émetteur et du récepteur sont
en cohérence. .
On pressent bien ici une forme d’empathie cognitive, puisque les sujets qui
regardent le geste internalisent la figure visible et reconstituent le « vouloir
dire » de l’émetteur. Au final,
émetteur et récepteur , dans une subjectivité partagée, développent un processus
homologue :
- l'émetteur en parlant s'appuie sur des repères spatiaux et moteurs pour générer des gestes analogues à l'objet
- le récepteur reconstitue une carte de la réalité grâce à la "représentation graphique" que lui fournissent les contours du tracé gestuel dans l'espace.
Un exemple d'expérience qui invite à approfondir la fonction des neurones miroir et de l'empathie dans la communication symbolique.
- l'émetteur en parlant s'appuie sur des repères spatiaux et moteurs pour générer des gestes analogues à l'objet
- le récepteur reconstitue une carte de la réalité grâce à la "représentation graphique" que lui fournissent les contours du tracé gestuel dans l'espace.
Un exemple d'expérience qui invite à approfondir la fonction des neurones miroir et de l'empathie dans la communication symbolique.