Pour mener l'expérience il a été demandé à des sujets de sexe féminin de regarder des photographies de visages de personnages et de les faire correspondre à des émotions humaines (un test fréquemment utilisé dans le champ de l'autisme). Les sujets qui avaient subi un traitement de Botox lors des deux précédentes semaines se sont avérés beaucoup moins précis dans la reconnaissance émotionnelle que ceux du groupe contrôle qui avaient été traités avec un autre médicament.
Ceci rejoint plutôt bien le paradigme de l’embodiment ou “cognition incarnée” , qui défend que la façon dont nous pensons est ancrée dans notre corps : pour comprendre les émotions des autres nous devons en faire l'expérience nous-mêmes (cf. également l'analyseur corporel, Cosnier) .
Il a été montré qu’en percevant une expression de douleur d’un tiers, un effet miroir se produit et nous manifestons en retour une micro-expression à un niveau très subtil, mais qui peut être plus explicite et visible selon notre sensibilité empathique. Cette contraction mimétique de la musculature faciale adresse alors vers notre cerveau un signal typique du ressenti qui nous fait ressentir l’émotion d’autrui. Avec le Botox les muscles faciaux sont comme endormis ce qui déconnecte donc les micro-réactions en miroir . Les signaux relatifs ne peuvent alors être adressés vers les modules de reconnaissance du cerveau et le sujet botoxé risque de ne comprendre l'émotion qui lui fait face...
Un chercheur de ce même laboratoire a d’ailleurs commencé à étudier les conséquences sociales de ce disfonctionnement dans les relations conjugales , il envisage également les incidences cet ‘artefact’ sur la détection du mensonge.