Jacques Cosnier a été interviewé récemment par le site Doctissimo à propos de l'empathie. S'intéresser à l'empathie c'est savoir appréhender ces mouvements de la pensée qui nous permettent d’attribuer des états mentaux à autrui en nous mettant à sa place (et parfois d’anticiper ses comportements ). Mais sans compétence empathique nous ne serions pas capables de comprendre les gestes d'une personne ni les expressions émotionnelles de son visage. Ceci est d'ailleurs à la base du problème des autistes . En voyant telle émotion sur un visage, nous activons dans notre cerveau des régions similaires à celles qui sont recrutées dans la tête de notre interlocuteur . Ce qui nous permet de générer intérieurement la même émotion afin de la ressentir puis la reconnaître .
Cosnier a
développé en même temps que le concept d'échoisation, cette idée de "convergence
communicative" que révèlent des sourires et mimiques en commun , mais aussi des hochements et changements de postures synchrones. Ce sont souvent des expressions positives
non conscientes explique t-il, sous tendues par une certaine affiliation ou
intimité. On parle parfois de « danse des acteurs » , pour
illustrer que chaque initiative corporelle d’un acteur induit des ajustements
de son interlocuteur. Parfois nous
répliquons aussi des aspects de la voix
de notre interlocuteur, son rythme, ses intonations , ses
pauses , ses "euh" , son
accent parfois, voire même le cas échéant son bégaiement .
Des
méthodes de développement personnel proposent d'induire volontairement ce mécanisme en modélisant des postures , gestes d'autrui pour modifier son état interne mais pour créer une similarité perçue qui permettrait d'améliorer la
relation. En PNL une des techniques (plus complexe que le simple miroring) propose même de transposer dans un autre registre un geste de
la personne, par exemple de
modéliser notre respiration sur le
battement rythmique de sa jambe .
Il n'est pas avéré que les neurones miroir se laissent aussi facilement prendre au jeu lors de négociations ou dans des stratégies de séduction, comme certains blogs le laissent entendre. Par contre ces "stratégies" ouvrent une réflexion intéressante sur la CNV en relation d'aide et de soin . En établissant une certaine résonance corporelle et en faisant écho à certaines modalités expressives de la personne telles que son tempo, il est possible de lui montrer des similitudes qui créent un sentiment de familiarité et des passerelles rassurantes .
Mais une discrimination fine et experte doit prévaloir pour éviter les contresens, par exemple un aidant qui n'aurait pas accompli un travail d'intelligence émotionnelle, risque de laisser transparaître quelques traits de l'inquiétude en face d'un visage inquiet . Enfin si le rôle des hochements a été largement étudié , une question toujours non résolue est celle des patterns faciaux de l'empathie: résonne-t-on à la souffrance d'autrui avec une légère expression de tristesse cognitivement contrôlée ? avec une légère modalité de sourire qui préfigure l'espoir ? ou bien est-ce une sorte d'émotion mixte qui incorpore ces deux composantes visuelles ?
En savoir plus:
Mais une discrimination fine et experte doit prévaloir pour éviter les contresens, par exemple un aidant qui n'aurait pas accompli un travail d'intelligence émotionnelle, risque de laisser transparaître quelques traits de l'inquiétude en face d'un visage inquiet . Enfin si le rôle des hochements a été largement étudié , une question toujours non résolue est celle des patterns faciaux de l'empathie: résonne-t-on à la souffrance d'autrui avec une légère expression de tristesse cognitivement contrôlée ? avec une légère modalité de sourire qui préfigure l'espoir ? ou bien est-ce une sorte d'émotion mixte qui incorpore ces deux composantes visuelles ?
En savoir plus:
Marie-Lise Brunel, Jacques Cosnier, L'empathie. Un sixième
sens, Lyon, PUL (2013)
Guy Barrier Les
langages du corps en relation d'aide . chap. 4 sur l'empathie. ESF Editions (2013)
Margot Phaneuf La synchronisation, un moyen à la portée des
infirmières , texte en ligne