blog proposé par Guy Barrier

blog proposé par Guy Barrier
Guy Barrier, expert en communication non verbale - publications et activités: pointer la photo

lundi 16 novembre 2009

Détection du mensonges et micro-expressions, nouvelles tendances

L’intérêt des américains pour la détection du mensonge ne date pas d’aujourd’hui . D’une part il y a le test Polygraph , dont la fiabilité a alimenté des controverses faisant l’objet d’une littérature considérable . Et puis il y a Paul Ekman: un demi-siècle d’expertise dans le domaine de la reconnaissance émotionnelle , qui est maintenant sollicité dans la formation à la sécurité aux aéroports et en criminologie. Mais aujourd’hui cet engouement est au zénith, avec le succès de l’émission Lie to Me, dont il est le conseiller scientifique et qui a atteint le vieux continent .

Entre temps Ekman a élaboré à partir de ses recherches des supports pour la formation, qui intéressent aussi bien les compagnies d’assurances, organismes de crédits, professions de sûreté, de police et de justice . Son site internet propose des modules de training interactifs en ligne. Le METT, version grand public du FACS (Facial action coding system) propose d’apprendre à détecter les signes de masquage qu’utilisent les personnes pour dissimuler ou réprimer un état émotionnel.

Ex-collaborateur de Ekman, Matsumoto propose une méthode similaire . Une macro-expression (l'indice visible) explique-t-il, dure entre une demi-seconde et 5 secondes environ, tandis qu’une micro-expression peut durer 1/25e de seconde ou encore moins.Alors comment apprendre à les reconnaitre ? A partir d’un jeu de diapositives l’apprenant peut paramétrer, selon son acuité visuelle, le temps d’apparition du stimulus (micro-expression) qui se présente de façon pour ainsi dire « subliminale » , en tous cas au dessous du seuil conscient de peception . Il développerait ainsi sa capacité à détecter les indices de peur, joie, dégoût, surprise ,etc, qui se cacheraient souvent derrière les macro-émotions .


Un dispositif particulièrement intéressant sur le plan pédagogique, et d’utilisation agréable, certes . Mais il n'est pas évident que l'utilisateur lambda pourra dans sa vie quotidienne, mettre en application cette compétence de déchiffrement de « message à l’intérieur du message » : par exemple détecter le dégoût dans l'expression de colère, la surprise incrustée dans la tristesse ... Quelles sont au delà de la théorie , les combinatoires d'affects réalistes?

Au demeurant d’autres codes moins infinitésimaux permettent à l’œil averti d’identifier des ruptures de cohérence dans les indices corporels: détournement du regard, rotation de la pupille, ruptures de cohérence entre verbal et non-verbal , faux sourire , masquage partiel du visage, raclement de gorge , expiration en form de soupir, fréquence de clignements, marques vocales d’hésitation (micro-répétitions, éléments phatiques …) A tout le moins, les produits pédagogiques d'Ekman et Matsumoto peuvent être pris comme des 'serious games', didacticiels hauts de game qui peuvent être très utiles aux formations à la CNV .

En tous cas, le mensonge n’étant pas la chose la plus rare dans un monde de turbulence , les technologies viennent relayer les méthodes d’apprentissage. Le classique Polygraph est concurrencé par des systèmes de détection vocale , plus faciles à utiliser , mais dont la validité n’est pas davantage établie . Le Layered Voice Analysis, extrait plus de 120 paramètres émotionnels de chaque segment de la voix puis les soumet à des procédures de filtre et comparaison. Les autorités russes utilisent de la détection vocale aux contrôles de douanes et des frontières , le Royaume Uni a engagé la chasse aux fraudeurs d’allocations avec le Voice Risk Analysis via le téléphone.

Pourtant, une étude de validation tout récemment publiée par le Journal of Forensic Sciences soulève des doutes sur la fiabilité du système , qui semble plus faible même que la base électrophysiologique deja largement contestée du Polygraphe ...