blog proposé par Guy Barrier

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Guy Barrier, expert en communication non verbale - publications et activités: pointer la photo

jeudi 28 juillet 2011

Botox et reconnaissance des émotions: incompatibilités à plusieurs niveaux...

 Si le Botox a des vertus esthétiques pour les personnes désirant aplanir leurs rides , on ne lui connaissait pas jusqu'alors une  propriété secondaire, celle d’aplanir la reconnaissance des émotions d’autrui . Il semble que les personnes qui en reçoivent des injections musculaires de neurotoxine voient en effet diminuer leurs capacités empathiques  C'est ce que révèle une étude d'une neuropsychologue, T L Chartrand. On savait jusqu'à présent que les personnes botoxées  (certaines d’ailleurs pour des problèmes de tics nerveux , hyper-clignements des yeux) étaient difficiles à décrypter au niveau de leur expression émotionnelle. Ceci en raison de l'inhibition visible de segments musculaires frontaux, relaxation induite par le médicament. Mais le phénomène se double de leur propre difficulté à ressentir corporellement les affects qu’ils perçoivent visuellement.

Pour mener l'expérience il a été demandé à des sujets de sexe féminin de regarder des photographies de visages de personnages et de les  faire correspondre à des émotions humaines  (un test fréquemment utilisé dans le champ  de l'autisme). Les sujets qui avaient subi un traitement de Botox lors des deux précédentes semaines se sont avérés beaucoup moins précis dans la reconnaissance émotionnelle que  ceux du groupe contrôle  qui avaient été traités avec un autre médicament.

Ceci rejoint plutôt bien le paradigme de l’embodiment
ou  “cognition incarnée” , qui défend que la façon dont nous pensons est ancrée dans notre corps : pour comprendre les émotions des autres nous devons en faire l'expérience  nous-mêmes  (cf. également l'analyseur corporel, Cosnier) . 

Il a été montré qu’en percevant une expression de douleur d’un tiers, un effet miroir se produit et nous manifestons en retour une micro-expression à un niveau très subtil, mais qui peut être plus explicite et visible selon notre sensibilité empathique. Cette contraction mimétique de la musculature faciale adresse alors vers notre cerveau un signal typique du ressenti qui nous fait ressentir l’émotion d’autrui. Avec le Botox les muscles faciaux sont comme endormis ce qui déconnecte donc les micro-réactions en miroir . Les signaux relatifs ne peuvent alors être adressés vers les modules de reconnaissance du cerveau et le sujet botoxé risque de ne comprendre  l'émotion qui lui fait face... 

Un chercheur de ce même  laboratoire a d’ailleurs commencé à étudier les conséquences sociales de ce disfonctionnement dans les relations conjugales , il envisage également les incidences cet ‘artefact’ sur la détection du mensonge.