blog proposé par Guy Barrier

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Guy Barrier, expert en communication non verbale - publications et activités: pointer la photo

jeudi 29 septembre 2011

Caméras thermiques et aéroports: une alternative sérieuse à l'expertise humaine ?

L’imagerie thermique du visage ou Stress Cam n’est pas une technique spécialement récente, mais elle suscite actuellement un regain de questionnements depuis ses balbutiements en aéroport  . Ce système , qui détecte en quelque sorte les rougeurs sous-jacentes du visage, analyse parmi diverses units faciales les zones autour de l'œil  et les joues,  très sensibles à l'élévation de température  suscitée par le stress.
Cette technique a été présentée comme offrant une  validité comparable à celle du test Polygraph avec l'avantage  que  les patterns thermiques du visage de chaque passager pourraient être mesurés de façon non intrusive. Ceci  permettrait donc par hypothèse, de démasquer à distance et discrètement les passagers dotés d’intentions  terroristes ou malveillantes.

La controverse scientifique porte cependant sur sa fiabilité à cibler le mensonge à l’intérieur de manifestations émotionnelles tells que l’anxiété.  Or, les passagers des aéroports ainsi filmés peuvent ressentir des éléments d’anxiété pour diverses raisons : peur de manquer le départ , anticipation d’un rendez-vous induisant du stress, phobie du  voyage en avion , émotion liée aux vacances, au choc culturel anticipé.  En effet l’accélération du débit sanguin et la dilatation des vaisseaux, peuvent être pleinement  induits par de tels facteurs.  Autre point sur la méthode:  une mesure de la condition contrôle ( imagerie  ‘thermofaciale’) du sujet testé en condition non mensonge  devrait être faite en vue de comparaisons, avant de produire une carte thermique  censée refléter le phénomène mensonge.
Un  étude de validité sur ce thème a été menée par Aldert Vrij ( Université de Portsmouth).   Les sujets interviewés à propos de  leur voyage ont été invités à dire la vérité ou, au contraire, à  mentir ,  à partir de différentes  questions telles  que " êtes vous déjà allé  vers cette destination ? ", " quelles sont les raisons de votre voyage ?" .  Dans un tel dispositif les  sujets dits menteurs ont davantage de charge cognitive et sont en rupture de cohérence interne avec leurs discours ,  ce qui explique une certaine action végétative (une autre façon de forcer la charge cognitive est de leur demander de raconter leur séquence d’histoire à l’envers). 
Deux méthodes de mesure ont été comparées , l’une utilisait  une caméra d'imagerie thermique placée à  3 mètres.  Parallèlement des enquêteurs  formés à la détection humaine du mensonge , observaient les variations corporelles  et verbales, sans être avisés à l'avance de la sincérité des sujets.  
Les résultats obtenus par les caméras étaient assez  significatifs , à savoir qu’à un niveau statistiquement supérieur au hasard, 68% des sujets « francs » et  65% de menteurs ont été classés correctement. Mais l’autre information intéressante est que  les Stress cams  affichaient un taux de réussite inférieur aux performances des enquêteurs: ces derniers avient classés correctement 72% des sujets francs et 77% des menteurs,  en se basant uniquement sur l’observation comportementale et linguistique ... 


Cette expérience montre également que  l'imagerie thermique pourrait avoir une valeur d'indice plus élevée dans le contexte interactif où les passagers sont interrogés. Autrement ils ne sont confrontés qu’à eux mêmes lors de la capture d'image  (et n’ont pas forcément mauvaise conscience ou de tension physiologique particulière quand bien même ils seraient mal intentionnés) .


Au final les auteurs invitent à relativiser la pertinence du système artificiel  et à privilégier les recherches et formations liées aux compétences humaines de reconnaissance non verbale . Tout en les rejoignant sur ce point on peut également envisager  idéalement une utilisation conjointe des deux dispositifs , l'un qui porte sur le somatique sous-jacent non visible à l'oeil nu, le second sur une sémiologie du visible et de l'audible. 

interactions et intercompréhension, un congrès en Bretagne les 25 & 26 novembre 2011

Le congrès I.I.I. 2011 ( Intercompréhension - de l'Intraspécifique à l'Interspécifique ) organisé par l'Université Européenne de Bretagne, aura lieu les 25 & 26 novembre 2011. L’objectif de ce congrès est de réunir une communauté pluridisciplinaire autour des dimensions qui construisent l’intercompréhension dans son sens le plus large. Il s'agira notamment de la présence, du temps, du contexte, des rituels, de la redondance, de l’acceptable et du refusable… à travers : les postures, les mimiques, le vocal, les émotions… et cela autour des trois entités que sont l'homme, l'animal et la machine . Quatre conférenciers  seront  invités :  Xavier Boivin :  Chercheur en éthologie;  Eric Brangier : Chercheur en ergonomie et psychologie du travail, Jacques Cosnier : Professeur émérite en psychologie des communications - Université Lumière Lyon2, Grégory Sempo : Chargé de Recherche - Université libre de Bruxelles .

Parmi les thèmes abordés: Homme-Animal : comment communiquer? Communication, interactions et contextes, La relation, une réalité inscrite dans un temps et un espace,  Les interactions homme-machine .
plus d'informations: http://www-valoria.univ-ubs.fr/congres/iii2011/programme.shtml.fr

lundi 12 septembre 2011

Un logiciel pour remédier aux compétences non verbales des enfants autistes

Lorsqu’on évoque l’autisme on pense souvent  à une simple dégradation des compétences de communication verbales, mais la communication sociale est dégradée à d’autres niveaux : absence de  gestes symboliques , expression corporelle sans relief, et les enfants autistes ont des difficultés à reconnaître les émotions exprimées par le visage (hormis le fait qu’ils reconnaissent difficilement un visage voire même certaines scènes visuelles) . Il a été souvent remarqué que leur perception du visage était  meilleure sous forme de dessins animés que de visages réels. 

Des expériences en ce sens ont d’ailleurs été menées avec des avatars virtuels, qui éliminent  les détails visuels de visage non pertinents pour focaliser sur les signifiants . Avec des moyens moins sophistiqués et  mis à la disposition de tous les établissements,  le Dr Jim Tanaka,  a conçu un logiciel sous forme de modules de jeu interactif  destiné à aider les enfants autistes dans la reconnaissance des expressions du visage.
Le programme  Let's Face It , a été expérimenté avec des résultats encourageants , car au bout de 20 heures d’apprentissage les enfants avaient déjà validé des acquis pour reconnaitre des affects faciaux.  Exemple de stratégies: en découvrant une expression définie sur un personnage, l’enfant placé devant une webcam  doit reproduire cette même émotion faciale . Le logiciel de reconnaissance du visage exerce alors une action sur le personnage animé si le sujet a réussi . Parmi plusieurs directions de recherches complémentaires il est envisagé de comparer par imagerie cérébrale comment  les zones de contrôle de la reconnaissance émotionnelle (gyrus fusiforme) ont été activées par l’apprentissage.

On mentionnera également des études en amont de cette application, qui  ont montré que ces déficits de la compétence miroir  des autistes viennent également d’un problème de négligence perceptive (neglect) :  des analyses eye tracking montrent  que lorsqu’ils regardent un visage ils ont tendance à négliger la zone des yeux mais se réfèrent beaucoup plus à la bouche ce qui rend pénalise le dispositif de décodage  .

Quelques sources utiles: