blog proposé par Guy Barrier

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Guy Barrier, expert en communication non verbale - publications et activités: pointer la photo

lundi 30 septembre 2013

mouvement des yeux, cerveau et cannabis


Plusieurs articles précédents nous ont permis de constater  que les mouvements de l'oeil apportent des indices pertinents pour évaluer des réactions comportementales face à telle situation. Parmi les multiples facteurs pouvant infléchir la vigilance, la consommation de cannabis. Une étude  assistée par eye tracking , s‘est intéressée à cet aspect assez inattendu .

Plusieurs tests ont permis d’évaluer les réponses réflexes et motrices de sujets ayant fumé une  cigarette de marijuana . Par exemple on leur présentait une cible en mouvement sur un écran, ou ils devaient repérer des diodes sur un tableau  en pressant sur  des boutons correspondants. Puis, ils devaient localiser dans les mains d'un personnage la présence d'un objet. Les trajectoires des yeux étaient donc analysées selon leur vitesse et précision par la caméra eye tracking.

Au final, les mouvements de l’œil  enregistrés, révélaient une plus grande difficulté de ces sujets à suivre les stimuli visuels, comparativement aux sujets-placebo réalisant les mêmes épreuves : on remarquait à la fois une diminution de vitesse de la poursuite visuelle dans le champ focal mais aussi dans le champ périphérique (lequel permet de s’adapter à un stimulus aparaissant latéralement , par exemple lors de la conduite) . Un autre  test montrait que le délai de variation du diamètre pupillaire à un signal lumineux, est plus élevé après une cigarette de marijuana . Ces différents effets subsistaient même après les 5 heures qui suivent la consommation d'une cigarette.


Sur un plan plus général , on sait que le mouvement de l’oeil est un indice très fidèle des processus cognitifs , comme le montrent d’autres études sur les effets de barbituriques, opiacés, etc . Des expériences analogues ont montré un amenuisement de la concentration, mais aussi de la coordination multitâche et  de la mémoire de travail sous l’effet du THC lors de tests menés en contexte de simulateur de vol . Pour mémoire un accident d'avion enregistré à l’aéroport de Newark aux Etats Unis en mars 1983, révélait que les deux  pilotes avaient consommé de la marijuana dans les 24 heures précédant l'accident. D’autres accidents relevant de ce même facteur de risque, ont été mentionnés dans les annales.


En laboratoire, des tests avec simulateurs de vol menés avec des pilotes , ont montré que ceux qui avaient consommé du cannabis  présentaient une détérioration significative de leurs performances de vol , pouvant même persister le lendemain . Hormis les  erreurs de navigation et d'orientation , des sous-performances apparaissaient dans les grands écarts d'altitude, le stockage et la perte d'événements de contrôle, mais aussi des décalages temporels, avec par exemple des difficultés à maitriser l'atterrissage. Une étude de l’American Journal of Psychiatry suggère que la consommation de cannabis n'est pas aussi rare qu’on pourrait le penser parmi les pilotes , certains même admettent avoir déja conduit avec du THC dans le sang...

D'autres expériences montrent que l'exposition au cannabis révèle, lors de taches complexes des difficultés de coordination psychomotrice en raison des perceptions spatiales et temporelle qui sont déformées , mais aussi des légères modifications de perceptions sensorielles, visuelles, auditives  . Sous un autre angle ces  perceptions subjectives de l'espace, du temps et des sens, peuvent induire des performances créatives ou artistiques mais la littérature scientifique est beaucoup moins documentée sur ce sujet là.  Quelques études constatent une plus grande activation hémisphérique droite  chez le consommateur , soit un fonctionnement plus holistique que séquentiel , l'aptitude à générer des idées inédites au-delà des associations ordinaires . D'autres  rapportent que cette activation hémisphérique est bilatérale.  Egalement de nombreuses cartes en neuroimagerie ont montré sous l'effet du cannabis (immédiat et à long cours) une augmentation de l’activité corticale générale et par la libération de domapine,  une désinhibition de l’activité des lobes frontaux , mais aussi une activation spécifique de l'aire de l'insula qui est fortement impliquée dans l'intégration sensorielle.

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Références:

Brain Neuroimaging in Cannabis Use: A Review . Journal of  Neuropsychiatry and Clinical Neuroscience 
Acute and residual effects of marijuana in humans.. Pharmacology Biochemistry Behavior